2013 - 36 x 22 x 23cm - textiles sur extrudé
2013 - 36 x 22 x 23cm - textiles sur extrudé
Fleurs dévorantes et champignons vénéneux ? Visions hallucinatoires ? Plantes psychotropes ? Confiseries géantes de chez Willy Wonka ? Métaphores sexuelles pour
rêves de jeunes filles, délice freudien ? C’est peu de dire que les deux ensembles d’oeuvres de Mai Tabakian présentées ici ouvrent à bien des interprétations possibles !
Un peu avant, on aura découvert, en explorant les recoins de la galerie, une « Cendrillon » dont la cible – trouver chaussure à son pied- est sans ambigüité malgré la métaphore.
Mai Tabakian aime décidemment prendre à rebours, avec humour et malice, les mythes et les contes de fées qui nourrissent les rêves des petites filles !
Sur le plan formel, ces pièces, objets hybrides à la dimension sculpturale, voire architecturale, offrent une intéressante
alternative aux productions d’oeuvres textiles contemporaines. Ni couture, ni broderie, ni tapisserie, son travail s’apparente presque à une sorte de « marqueterie textile », le tissu étant embossé sur des pièces de polystyrène extrudé.
Avec beaucoup de finesse et de savoir-faire, Mai Tabakian produit ainsi des oeuvres plastiquement hautement désirables, mais dont les apparences pop et colorées ne doivent pas occulter les forces obscures qui s’y cachent, inquiétantes ou douloureuses réalités, sentiments ou pensées, comme une forme de lutte contre une cruauté dont nous ne savons pas tout.
Marie Deparis-Yafil
2013 - dimensions totales : 27,5x28x28cm - textiles divers sur extrudé
Cette sculpture sera présentée lors de "Beyond my dreams" à la galerie Mondapart du 5 avril au 4 mai 2013, vernissage le 4 avril 2013 : >>> Cliquez ici pour plus d'infos
L’expression française « Trouver chaussure à son pied » née au XVIe siècle signifie aujourd'hui trouver ce dont on a besoin mais son sens était autrefois différent. Il s'agissait de symboliser métaphoriquement les deux sexes en termes de contenu et de contenant. Autrement dit, cette expression signifiait trouver le partenaire matrimonial adéquat.
Respectant littéralement cette expression, la sculpture est composée de deux parties (contenant/contenu) : la partie femelle (Yoni : le lieu), cible circulaire multicolore évidée au centre afin de recevoir la partie mâle (Lingam, à savoir une colonne d’apparence phallique représentant le dieu Shiva), traversée de formes géométriques noires et rose fluo.
Par ailleurs, le point de vue du psychanalyste Bruno Bettelheim sur la célèbre « pantoufle de verre », éclaire également sur le sens de cette sculpture : « Pour que l’épreuve soit convaincante (essayer le soulier), il doit s’agir d’un soulier qui ne s’étire pas, sinon il pourrait convenir à d’autres jeunes filles, les demi-sœurs, par exemple. Ce n’est sans doute pas par hasard que Perrault a choisi des pantoufles de verre... Un petit réceptacle où une partie du corps peut se glisser et être tenue serrée peut être considéré comme le symbole du vagin. Et s’il est fait d’une matière fragile qui peut se briser si on la force, on pense aussitôt à l’hymen ; et un objet qui se perd facilement à la fin d’un bal (...) peut passer pour une image assez juste de la virginité"[1].
[1] Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées, Robert Laffont éd., Paris, 1976 (1976) réédition 1999.
The French expression "Trouver chaussure à son pied" born in the XVIth century means today that we find what we need but its sense was formerly different. It
was a question of symbolizing metaphorically both sexes by meaning the contents and the packaging. In other words, this expression meant finding the adequate marital
partner.
Respecting literally this expression by making reference to the notions of contents and packaging, the sculpture
consists of 2 parts: the female part (Yoni: the place), multicolored circular target hollowed out in the center to receive the male part (Lingam, a column of phallic appearance representing the
god Shiva), crossed by black geometrical forms and fluorescent pink.
The point of view of the psychoanalyst Bruno Bettelheim on the famous "glass slipper", gives all its sense to this sculpture: so that the test is convincing (to try the shoe), the shoe must not stretch, otherwise it could suit every other girls, like the half-sisters, for example. It is not an accident if Perrault chose glass slippers... A small receptacle where a part of the body can be kept and squeezed must be the symbol of the vagina. And if it is made with a fragile material which can break if we force it, we think immediately of the virginal membrane; and an object which gets lost easily at the end of a ball refers to the virginity[1].
Mai Tabakian