Fleurs dévorantes et champignons vénéneux ? Visions hallucinatoires ? Plantes psychotropes ? Confiseries géantes de chez Willy Wonka ? Métaphores sexuelles pour
rêves de jeunes filles, délice freudien ? C’est peu de dire que les deux ensembles d’oeuvres de Mai Tabakian présentées ici ouvrent à bien des interprétations possibles !
Un peu avant, on aura découvert, en explorant les recoins de la galerie, une « Cendrillon » dont la cible – trouver chaussure à son pied- est sans ambigüité malgré la métaphore.
Mai Tabakian aime décidemment prendre à rebours, avec humour et malice, les mythes et les contes de fées qui nourrissent les rêves des petites filles !
Sur le plan formel, ces pièces, objets hybrides à la dimension sculpturale, voire architecturale, offrent une intéressante
alternative aux productions d’oeuvres textiles contemporaines. Ni couture, ni broderie, ni tapisserie, son travail s’apparente presque à une sorte de « marqueterie textile », le tissu étant embossé sur des pièces de polystyrène extrudé.
Avec beaucoup de finesse et de savoir-faire, Mai Tabakian produit ainsi des oeuvres plastiquement hautement désirables, mais dont les apparences pop et colorées ne doivent pas occulter les forces obscures qui s’y cachent, inquiétantes ou douloureuses réalités, sentiments ou pensées, comme une forme de lutte contre une cruauté dont nous ne savons pas tout.
Marie Deparis-Yafil